Ce mardi 24 avril, l’intercommunale in BW a présenté son nouveau projet de zoning le long de la chaussée de Tubize. Un futur chantier de 28 hectares qui figurait dans les plans de la majorité communale depuis 2012. Présenté comme moderne et durable, il semble pourtant venir tout droit du siècle dernier…
Décidément, les projets de construction vont bon train ces derniers temps à Braine-l’Alleud. Le 27 mars dernier, la majorité communale présentait son nouveau projet de route « bas carbone », le fameux contournement censé alléger miraculeusement le trafic sur les chaussées de Tubize et d’Alsemberg. Ce 24 avril, c’était au tour de l’intercommunale in BW de présenter aux Brainois son nouveau projet de « Zone d’activité économique mixte » (ZAEM), un nom pompeux pour ce qui n’est rien de plus qu’un nouveau zoning.
Alors que la majorité actuelle clame haut et fort sa volonté de préserver les zones vertes de Braine-l’Alleud, in BW rappelle d’emblée qu’elle n’est que le maître d’œuvre du projet et qu’elle n’agit que suite à une demande communale… Cette volonté de transformer la campagne brainoise en zoning n’est d’ailleurs pas nouvelle puisque ce projet était déjà inscrit dans le schéma de structure communal de 2012.
Concrètement, in BW va soumettre au gouvernement wallon une demande de révision du plan de secteur, après validation du Conseil communal brainois. Cette demande a pour objet de transformer en zone urbanisable 28,12 hectares de terrain agricole situés entre la chaussée de Tubize et la ligne 115 (« le RAVeL »). Objectif : relier le zoning artisanal de la Graignette et le zoning industriel de la vallée du Hain (UCB). Pour être précis, 25,49 hectares seront destinés à la ZAEM et 2,63 hectares seront classés en zone naturelle. En réalité, cette portion de zone naturelle le long du Hain servira surtout de bassin d’orage, pour tenter de palier aux potentiels problèmes d’inondations liés à la construction du zoning.
La présentation officielle par in BW – désormais accessible en ligne – a été suivie de deux heures d’un débat nourri avec un public venu en nombre. Celui-ci a fait part de ses nombreuses craintes et interrogations sur les conséquences de ce nouveau zoning : hausse du trafic sur la chaussée de Tubize déjà saturée, perte d’une zone naturelle exceptionnelle, risques d’inondations…

Des compensations symboliques
Si ce projet de ZAEM voit le jour, les propriétaires de terrains agricoles et d’habitations situés au sein du périmètre seront indemnisés, comme le prévoit la loi. De préférence via des compromis à l’amiable, sinon par des expropriations. Par contre, aucune indemnité n’est prévue pour les Brainois qui habitent en bordure du périmètre (rue de la gare par exemple). Ils devront donc subir en vrac : les différentes vagues de travaux, la hausse du trafic automobile (n’est-ce pas d’ailleurs contraire aux objectifs de la majorité communale ?), la pollution sonore et visuelle, la dévaluation de leur habitation… Sans compter la disparition d’un cadre verdoyant, raison pour laquelle ils avaient probablement élu domicile dans ce quartier tranquille et bucolique. Bref, une perte sèche et irréparable en termes de qualité de vie, sans pouvoir espérer la moindre compensation.
En ce qui concerne les « compensations planologiques », le Code du développement territorial (CoDT) impose – dans son Article D.II.45 §3 – que tout terrain non-urbanisable qui le devient devra être compensé par la transformation d’une zone urbanisable en terrain non-urbanisable (zone verte, forestière ou agricole) de même grandeur. On pourrait donc assez logiquement imaginer qu’un ancien site industriel soit réhabilité en zone naturelle. Malheureusement, il n’en sera rien. Comme in BW l’a confirmé, suite à ma demande, il s’agira plutôt ici d’un jeu d’écriture, c’est-à-dire que les terrains ne changeront de nature… que sur papier.
En effet, les zones sélectionnées pour la compensation sont déjà de facto des zones vertes, même si elles conservaient encore une autre affectation dans le plan de secteur (une ancienne carrière et deux ZACC, des zones non définies). Il s’agit donc d’une perte nette de zone verte pour la commune ! Dans la même veine, la « zone de loisirs » de près de onze hectares située le long du chemin dit le Bois (sur le site du Blanc Caillou) sera officiellement transformée en zone boisée, ce qu’elle est déjà aujourd’hui. Un tour de passe-passe douteux mais légal, qui permet d’obtenir un bilan – comptable à défaut d’être carbone – à l’équilibre.

Jobs, Jobs, Jobs ?
Dans sa présentation, in BW avance le chiffre de 635 nouveaux emplois créés grâce à sa ZAEM, en se basant sur un taux plancher de 25 emplois par hectare. Un objectif ambitieux qu’elle recadre néanmoins d’emblée en précisant qu’une fois les parcelles vendues à des promoteurs immobiliers, elle n’aura plus aucune maîtrise sur l’utilisation de ses terrains. Traduction : si certains d’entre eux restent vides suite à de la spéculation, par manque d’attractivité ou de ras le bol du trafic, ce ne sera plus du ressort de l’intercommunale.
Si on ne peut qu’être favorable à la création d’emplois durables dans la commune, ce projet n’est clairement pas le meilleur moyen d’y parvenir. En effet, pourquoi créer un nouveau parc économique en pleine campagne alors que les deux zonings juste à côté ne tournent pas à plein régime ? Il suffit de parcourir les allées pour se rendre compte du nombre impressionnant de terrains à l’abandon ou à louer… Malheureusement, les espaces vides n’entrent pas dans la méthode de calcul d’in BW. Lorsque l’intercommunale avance dans sa présentation un taux d’occupation de 100 % pour le zoning de la vallée du Hain, elle ne veut pas dire que l’ensemble du zoning est occupé par des sociétés actives mais plutôt que l’ensemble des parcelles ont été vendues, et qu’elles ne peuvent donc plus générer de bénéfices. Une nuance de taille.
Des alternatives crédibles
Ne serait-il pas plus logique, plus économique et plus écologique, de redynamiser les zonings existants et de combler les espaces vacants plutôt que d’en construire de nouveaux ? Pourquoi ne pas plutôt revaloriser des friches industrielles laissées à l’abandon depuis des années ? Les opportunités sont d’ailleurs nombreuses à Braine-l’Alleud, comme avec l’usine Nicols à côté du CHIREC par exemple.
Une autre alternative crédible serait d’accueillir les nouvelles entreprises dans les zones industrialisables qui se trouvent juste à côté du parc de l’Alliance (triangle Dupuis), un site qui est beaucoup plus adapté : il ne manque pas d’espace, il n’y a pas de riverains qui y vivent, il est situé juste à côté d’une sortie d’autoroute et d’un futur arrêt RER ! Tels étaient d’ailleurs les arguments de la majorité communale lorsqu’elle a décidé d’y déplacer les services communaux… Bref, c’est l’endroit idéal et il n’a qu’un seul défaut, comme le concède d’ailleurs in BW : le terrain lui coûterait plus cher.
Suite à cet aveu, il semble que son objectif premier ne vise pas directement la création d’emploi dans la commune mais plutôt l’acquisition de nouveaux terrains à bas prix à valoriser. Elle estime d’ailleurs avoir besoin de construire huit hectares de zoning par an ! Un chiffre qui donne froid dans le dos, lorsqu’on sait que les « terrains artificialisés » (qui ont perdu leur caractère naturel) en Région wallonne ont augmenté de 40 % en à peine trente ans…
Une vision dépassée
Loin de moi l’idée d’attaquer ici l’intercommunale, in BW n’étant au final qu’un instrument public servant la politique que les communes lui imposent. En l’occurrence, pour ce projet de zoning, celle portée par la majorité actuelle à Braine-l’Alleud. Cette vision spéculative qui ne pense qu’à court-terme, défend finalement l’idée qu’il est plus rentable d’acheter des terres agricoles à bas prix, pour ensuite les revendre avec une coquette plus-value, que de redynamiser un zoning existant. Un agriculteur présent mardi soir dans la salle a d’ailleurs avancé qu’il avait reçu une proposition de rachat de ses terres pour six euros du mètre carré. Un prix qui sera assurément multiplié plusieurs fois lors de la revente quelques années plus tard.
Lorsqu’on calcule le volume total du nouveau zoning, à savoir plus de 250 000 mètres carrés, on évalue l’ampleur des bénéfices potentiels, du moins pour les communes et les promoteurs. Mais est-ce que cette stratégie se révèle vraiment bénéfique pour l’avenir de Braine-l’Alleud ? Est-ce qu’elle tient compte de ses habitants ? De son patrimoine naturel ? Et quel sera au final le prix à payer pour les riverains de la zone, pour l’environnement et pour les générations futures de Brainois ? Lorsqu’on voit les intérêts financiers en jeu, difficile de défendre ce projet en prétextant œuvrer pour le bien commun via la création d’emplois locaux…
Communication et alibi écologique
La vision du futur zoning, présentée par le cabinet d’architecture Dr(ea)2m, n’a vraiment pas fait rêver le public. La présentation regorgeait de termes positifs comme « modes doux », « toitures vertes », « éclairage intelligent », « parc de troisième génération », « image de marque et soignée », « cohérence urbanistique », etc. de manière à présenter cette nouvelle zone d’activité comme un projet moderne, propre et durable, où on aurait presque envie de se promener avec ses enfants le week-end. Mais au final, sous ces belles formules, il ne reste qu’un nouveau zoning de 25 hectares créé au détriment d’espaces verts.
Alors que récemment encore, les inondations refaisaient l’actualité dans la commune, persister à bétonner à tout va, au beau milieu d’une plaine humide – comme en ce moment avec le nouveau parking du CHIREC –, est un non-sens absolu. Après avoir inventé le concept de route « bas carbone » pour détourner des subsides européens et régionaux destinés à la transition écologique, la majorité communale veut aujourd’hui construire un zoning « durable » en plein milieu des champs. Ce qui par définition est un contresens, comme la pollution propre ou le roundup bio ! Alors que le monde change, avec un degré d’urgence climatique et écologique toujours plus exacerbé, cette façon de « faire comme on a toujours fait », sans aucune remise en question, semble véritablement appartenir au siècle dernier.
Benjamin Vokar, candidat ECOLO à Braine-l’Alleud.
Envoyez vos remarques avant le 9 mai!
Si vous souhaitez envoyer vos observations et réclamations concernant ce projet, vous devez impérativement le faire avant le mercredi 9 mai 2018.
Envoyez un courrier reprenant vos nom, prénom et adresse au :
Collège communal de Braine-l’Alleud
Service urbanisme
avenue du 21 juillet, 1
1420 Braine-l’Alleud
secretariat@braine-lalleud.be
En n’oubliant pas de mettre en copie :
In BW
Service aménagement du territoire
rue de la Religion, 10
1400 Nivelles
amenagement.territoire@inbw.be
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